Notre stage en Lozère (PS : c’est cool) – * Philippine Da et Lucas Boigey
Elle, c’est Philippine. Lui, c’est Lucas. Ils ont respectivement 20 et 22 ans, et vous pouvez d’ordinaire les croiser au détour d’une salle de sport parisienne ou d’une terrasse bordelaise. Bon, on vous l’accorde, cela revient à chercher une aiguille dans une botte de foin ! Mieux vaut donc partir à leur rencontre ici, en Lozère, où ils sont certes arrivés un peu par hasard… mais un hasard heureux, riche en découvertes et apprentissages. Portraits !
La Lozère, un heureux hasard ?
Pour Philippine, étudiante à Sciences Po Paris, la Lozère n’évoquait « pas grand-chose de plus que la Diagonale du vide ». Mais voilà, par un beau jour de printemps, elle a publié une petite annonce sur LinkedIn : « [Recherche de stage – Politiques publiques de transition écologique]. À partir de juin, pour 4 à 6 mois. Localisation : de préférence Paris/IDF ou Nantes et environs, mais pas exclusivement ». Son post a connu un franc succès… et est arrivé jusqu’aux oreilles du Conseil départemental de la Lozère, qui souhaitait justement déployer sa stratégie de Transition Environnementale et Écologique et effectuer un bilan de ses émissions de gaz à effet de serre. Philippine avait bien d’autres pistes, notamment du côté de la Sarthe, mais l’offre lozérienne s’est révélée être plus intéressante, davantage « en ligne avec [s]on projet pro ». Quelques recherches l’ont par ailleurs convaincue que la Lozère était bien plus qu’une terre à faible densité de population, et c’est ainsi que début juin, Philippine débarquait à Mende. En train.
Lucas, lui, l’avoue : la Lozère, il n’en avait jamais vraiment entendu parler. Étudiant en école d’ingénieur agronome dans la capitale française du vin, ce baroudeur a d’abord envisagé d’effectuer son stage en Guyane, avant de se tourner vers les massifs de France métropolitaine. Pyrénées, Alpes ? Ce sera finalement le Massif Central ! Au hasard de sa navigation sur internet, il est en effet tombé sur une proposition de stage au Conseil départemental de la Lozère, portant sur la réalisation d’une étude sur le maraîchage dans le cadre du Projet Alimentaire de Territoire. L’objectif ? « Favoriser l’installation ou la diversification agricole sur le département », et ainsi, contribuer à « construire l’agriculture de demain ». L’idée était alléchante, mais encore fallait-il que le cadre de vie colle avec ses aspirations. Pour lui en effet, « c’était 50/50 » : l’environnement naturel pesait autant dans la balance que le contenu du stage. Or, bingo, la Lozère s’est avérée être une terre de grands espaces et de (moyenne) montagne ! Il ne restait plus à Lucas qu’à programmer son GPS. Destination : Mende, où il arrivera quelques jours avant Philippine.
Voilà, nos deux protagonistes sont désormais en Lozère. Avec, dans leurs bagages, une bonne dose de curiosité, une motivation débordante, pas vraiment d’a priori, mais quelques interrogations. Vais-je réussir à rencontrer d’autres jeunes ? Sera-t-il possible de profiter pleinement de mon stage sans être véhiculée ? Pour l’heure, toutefois, c’est l’émerveillement qui prime face à l’environnement qu’ils découvrent. « Le cadre de vie, c’est vraiment quelque chose qui m’a interpelée, nous confie ainsi Philippine. À la fois les paysages, la qualité de l’air… ». Lucas surenchérit en désignant du doigt le verdoyant Mont Mimat, bien visible depuis ce bureau du Conseil départemental où nous nous sommes donné rendez-vous pour l’interview : « on regarde par la fenêtre, et on voit ça ! » Pour lui qui a grandi dans une campagne plate, « si on enlève les arbres, on voit sur 100 kilomètres ! », le changement est de taille – mais ce contraste l’enchante. Bref, quand on connaît l’importance de la première impression, on se dit que ces stages sont bien partis… Reste maintenant à se faire des amis ! 😉
« Tu veux être mon ami ? »
Première étape pour rencontrer du monde : le boulot ! Philippine et Lucas ont la chance d’effectuer leurs stages sur la même période, avec seulement un petit étage d’écart. Ils croiseront aussi d’autres stagiaires, mais plus furtivement. Et même s’ils confessent que « ça aide de rencontrer des gens de son âge », ils ne boudent pas leur plaisir d’échanger avec leurs collègues un peu plus expérimentés (bon, d’accord, un peu plus âgés quoi !). « On a été très bien accueillis, tout le monde est très sympa, discute avec nous », souligne Lucas. « L’ambiance ajoute vraiment quelque chose. On va au stage tous les matins, et on se dit qu’on va passer un bon moment ! » confirme Philippine. Ce qu’elle apprécie le plus ? Prendre le temps de parler avec chacun pour découvrir ses missions, son quotidien, et ainsi mesurer l’étendue des compétences du Conseil départemental – ou, comme dirait Lucas, « la toile d’araignée que c’est pour faire fonctionner un Département » !
Côté pro, l’atterrissage est donc réussi ! Mais qu’en est-il côté perso ? Si la période n’est pas vraiment propice aux soirées étudiantes (c’est l’été, les étudiants mendois ont déserté les campus…), ni à la pratique sportive en club – « je voulais me mettre à l’escalade, mais ils ne reprennent qu’en septembre » nous indique Lucas -, la saison des festivals, elle, bat son plein ! Et qui dit festivals, dit bénévoles… et rencontres. « Ce n’est pas comme une relation amicale où il y a une sorte de réciprocité. Le bénévolat, tu viens, et la plupart du temps les gens te disent oui, car ils ont besoin d’aide ! » Philippine cite ainsi son expérience sur le 48ème de rue, un concept « super cool » avec des performances qui envahissent la ville, « une ambiance joyeuse, et tout le monde qui se retrouve autour de ça » .Une nuit chez l’habitant à son arrivée à Mende fut aussi l’occasion d’une belle rencontre, sans oublier « la gentillesse spontanée des gens », à l’image de cette dame qui lui a offert un billet pour un concert « sold out » : inespéré ! Et sinon, il y a toujours la technique de ce pote de Lucas, parachuté à Aix, qui « va voir les gens dans la rue, en leur disant ‘salut, je viens d’arriver, est-ce que tu veux être mon ami ?’ »
Un autre rythme : des loisirs healthy 😉
Concerts, VTT, dégustations, bivouacs, expos… : s’ils avouent ne pas avoir l’audace d’aborder des inconnus dans la rue, nos stagiaires ont un programme bien chargé ! Pour autant, on est bien loin de la frénésie parisienne ou bordelaise. « C’est vraiment un autre rythme, et je trouve que c’est vraiment agréable. On respire davantage et il y a une sorte de ‘détente’ ambiante » note ainsi Philippine. Faire des choses, oui, mais en prenant le temps ! Un exemple ? Le soir venu, délestée des devoirs à rendre et exams à préparer, elle aime arpenter les rayonnages de la médiathèque à la recherche d’une bonne BD, puis la savourer au bord du Lot tout en grignotant son pique-nique… ou chausser ses baskets et courir dans la forêt. Des plaisirs simples ! Même son de cloche du côté de Lucas, qui redécouvre les joies du sport en plein air. « Moi, c’est pas tant le côté sportif qui m’anime, c’est plus le côté nature / paysages / aventure. Du coup, à Bordeaux, courir entre 3 pâtés de maisons, ça m’intéressait moins… » Dans sa nouvelle vie lozérienne, rien de plus simple que de partir en rando, trail ou VTT à la sortie du bureau – et ce, même s’il réside dans la plus grosse ville du département ! Alors, là où auparavant il avait plutôt tendance à « boire des coups, sortir avec des potes », maintenant il fait du sport. Des stagiaires healthy, on vous dit !
Et puis, vient le weekend, et là c’est encore mieux 🙂 Alors certes, se déplacer sans voiture, ça complique un peu les choses… Mais pour Philippine, « ce qui est intéressant aussi, c’est de découvrir les enjeux spécifiques du monde rural ». La mobilité en fait partie, au même titre que le sentiment de décalage que peuvent ressentir certains Lozériens face aux décisions prises à la capitale, l’idée de ne pas être « tout à fait en ligne avec ce qui est discuté dans les grandes villes ». En Lozère, difficile de se déplacer à vélo, comme elle en a l’habitude dans son quotidien parisien. Mais les navettes estivales permettent de rayonner vers les sites touristiques. Et puis, rien qu’à Mende, il y a de quoi faire ! « J’ai passé le mois de juin à découvrir la ville » témoigne-t-elle. Lucas, lui, est un enfant de la campagne. Alors, à l’image des jeunes Lozériens, il a suivi la conduite accompagnée dès 16 ans, obtenu son permis à 18, et acheté sa voiture dans la foulée. Le weekend, il s’échappe donc vers les Cévennes ou les Gorges du Tarn, pour pratiquer rando et bivouac. « Si on trace un cercle de 30/40 km autour de Mende, y a vraiment de quoi faire ! » remarque-t-il, avant d’annoncer sa prochaine aventure : 2 jours sur le GRP du Tour du Chassezac !
Les sports-nature se taillent ainsi -logiquement- la part du lion dans les loisirs de nos jeunes. Pour autant, le volet culturel n’est pas en reste. « Les concerts de Sound of Legend et Worakls à une semaine d’écart, c’est quand même pas n’importe où que tu peux trouver ce genre d’opportunités ! » s’extasie Philippine (oui, c’est bien pour le concert de Worakls, en tournée internationale, qu’une gentille dame lui a offert un billet – « ça a réchauffé mon cœur ce soir-là ! »). Et puis il y a aussi les expos, les petits musées : « tout est très accessible ». On n’oublie pas la bouffe, parce que manger, c’est bon, manger, c’est la vie ! Lucas et Philippine se retrouvent sur ce point, « il y a vraiment plein de produits locaux qui sont super bons, ça donne envie de tout goûter ! » nous disent-ils. Et de citer les châtaignes, l’aligot, les fromages… Lucas a d’ailleurs une bonne adresse à nous conseiller pour des emplettes en circuit-court : la Maison des Paysans, Place René Estoup (Mende). « C’est les producteurs qui tiennent la boutique, alors si on a une question sur un produit, c’est les mieux placés pour y répondre. Et les prix sont corrects, car il n’y a pas d’intermédiaire ! ». Philippine confirme : « il en parle toutes les semaines ! » [rires].
« Pourquoi j’irais m’enfermer à Paris ? »
Quand sonne l’heure du bilan, c’est le mot « sublime » qui vient spontanément à l’esprit de Philippine. Référence, sans doute, au célèbre Point Sublime, mais plus généralement à la beauté des paysages lozériens (coup de cœur pour le sud des Cévennes et son côté méditerranéen pour Lucas, pour le Domaine de Boissets et son goût d’infini pour Philippine) et à la douceur de vivre qui règne dans le département. « L’accès à la nature, à la découverte, le cadre de vie » s’imposent d’ailleurs comme l’atout n°1 de la Lozère pour nos deux stagiaires. Il faut bien l’avouer, on n’est pas trop surpris, c’est à peu près ce que disent TOUS les « nouveaux arrivants » que Lozère Nouvelle Vie a eu le plaisir d’accompagner ! Ce cadre de vie, Philippine et Lucas ont à cœur de le partager. « J’ai déjà pas mal de proches qui sont passés, indique ainsi Philippine. De toutes façons, vu ce que je leur dis de l’endroit, c’est plutôt attrayant je pense ! » Et, qui sait, séduits par « sa culture, sa gastronomie, ses paysages de fou », peut-être certains d’entre eux auront-ils envie de revenir en Lozère pour toujours ! Ou quand les stagiaires se font les ambassadeurs de la Lozère…
D’ailleurs, nos stagiaires ont encore bien d’autres arguments pour « vendre » la Lozère aux jeunes en recherche de stages, alternances ou premiers jobs. À commencer par le coût de la vie, incomparable à celui d’une métropole telle que Paris ou Bordeaux. Pour autant, les services sont là, les activités aussi : « un bon équilibre ». « Quand tu es étudiant et que t’as pas d’argent, que tu dois payer 20€ pour une expo ou que c’est gratuit, c’est quand même pas le même signal qui est envoyé ! » déclare ainsi Philippine. En outre, la Lozère lui paraît être un département adapté pour une première expérience de vie solo, un territoire où l’on peut découvrir, mais aussi SE découvrir : « du fait qu’il y ait moins de gens qu’on connaît, et du fait du cadre, ça laisse vraiment la place pour l’introspection. Et ça, c’est un vrai point positif ! ». Alors, si tous deux quitteront la Lozère à l’issue de leurs stages, pour terminer leurs études (et tutoyer les vagues, nous souffle Lucas !), nul doute que cette expérience lozérienne laissera son empreinte. « Les types d’emplois dans lesquels je veux travailler, c’est à Paris » nous confie ainsi Philippine. « Mais quand je découvre qu’il y a une telle qualité de vie ici, je me dis, ‘pourquoi j’irais m’enfermer à Paris ?’ Ça a vraiment modifié ma vision de où je veux vivre plus tard ».