Le programme Softplace livre ses conclusions et propose des outils pour anticiper l’avenir des lieux de travail partagés.
Publié le 27/09/2016
Mardi 13 septembre 2016, Lozère Développement et la MDECS étaient à Paris pour participer à la clôture d’un programme de recherche appliqué questionnant les nouveaux modes de travail et les nouveaux lieux associés.
A travers un partenariat avec la Fing et La Fabrique des Territoires Innovants, Lozère Développement et la Maison de l’emploi ont intégré en 2015 une réflexion nationale visant à accompagner l’émergence de tiers lieux en milieu rural. 4 Lieux ont été sélectionnés pour servir de terrain d’expérimentation aux équipes de chercheurs : La Lozère, Guéret (Creuse), Le Quartier Euromed à Marseille et le 19ème arrondissement de Paris.
A cette occasion, le réseau Solozère a participé et organisé plusieurs temps forts avec les partenaires nationaux :
Le Lancement : http://lozere-developpement.com/la-lozere-rejoint-le-programme-softplace-pour-reflechir-aux-lieux-de-travail-partage/
La phase d’étude de terrain : http://solozere.com/la-fabrique-des-territoires-innovant-en-lozere-dans-le-cadre-du-programme-softplace/
Les ateliers prospectifs : http://solozere.com/une-journee-dateliers-sur-les-lieux-de-travail-partages-a-polen-mende/
A l’issu de ce programme, plusieurs conclusions ont étés émises par la Fabrique des territoires Innovants sur les processus à l’œuvre dans les tiers lieux urbains et ruraux. Une différentiation spatiale forte émerge :
En contexte urbain :
– Plus le territoire est dense plus les tiers lieux ont tendance à se spécialiser et s’organiser autour de communauté de pratique et d’identités de travail fortes.
– La gouvernance de ces lieux est fortement différentiée en milieu urbain avec une émergence de lieux d’initiatives privés portés par les grands groupes ayant difficulté à se décloisonner, et des lieux portés par des collectifs, qui reposent souvent sur des affinités identitaires.
En contexte rural :
– La première dynamique qui pousse à l’appropriation des tiers lieux est avant tout la recherche du lien social.
– La recherche de rentabilité des lieux pousse une extrême hybridation. Les tiers lieux s’ouvrent à une multiplication de fonctions quel que soit le type de portage (public ou privé).
– L’émergence des lieux partagés passe aussi par un changement du regard des pouvoirs publics sur le « télécentre », un objet technique difficilement appropriable matériellement et symboliquement par les communautés d’usagers.
Face à ces constats différentiés, l’équipe Softplace considère que ces deux modèles extrêmes risquent d’aboutir à des impasses (lieu commun vs lieu hyper spécialisé). Au contraire, l’émergence des lieux partagés doit se situer entre ces deux extrêmes.
3 pistes de réflexions et outils sont proposées pour envisager les lieux dans leur extrême diversité :
1 : Il est nécessaire de construire des lieux agiles.
Le paradigme de fonctionnalités des lieux (1 lieu = une ou plusieurs fonctions) doit être bousculé pour, au contraire, imaginer les lieux dans leur capacité à muter (se déspécialiser puis se re spécialiser). La Fing parle de « lieux multiprises » et propose de les définir comme des socles auxquels se joignent des fonctions tierces. Par analogie au numérique, on évoque le fonctionnement des API et des plugins qui ajoutent des fonctionnalités aux logiciels conçus dans une optique de partage de données.
2 : Il est nécessaire de questionner la gouvernance et l’environnement juridique des lieux.
Les dynamiques d’appropriation des tiers lieux se confrontent souvent à des réglementations et modes de faire incompatibles avec la nécessité de déspécialiser, de mouvement ou de renversement de la gouvernance. Or, il apparait, dans le contexte des tiers lieux, qu’à chaque fois qu’un usage est inconfortable, en marge ou inadapté, il s’agit simplement de la manifestation explicite d’une innovation à l’œuvre.
Le rôle du garant du droit (propriétaire, élu…) est alors de réfléchir, non pas à contraindre l’usage, mais à redéfinir les règles pour permettre l’expression de l’innovation. On parle alors de construire des appariements.
3 : Il est nécessaire de définir des formats d’animation inédits.
Il est d’usage dans le vocabulaire des tiers lieux d’associer un référant animateur à chaque tiers-lieu en utilisant la métaphore de « concierge ». Or, dans un contexte d’appropriation plurielle des lieux, un animateur ne peut répondre à l’ensemble des besoins d’un lieu ou d’un public. L’expédition softplace propose d’imaginer des lieux et des animateurs structurés en réseau et des outils d’articulation permettant un travail efficace. Cette posture clairement inspirée de l’organisation du réseau solozère démontre l’innovation du partenariat Lozère Développement / MDECS pour penser la relation entre les tiers-lieux et les territoires.
Liens :
Rapport final Softplace :
Cahier d’exploration :
http://fr.slideshare.net/slidesharefing/softplace-cahier-dexploration-mai16
Les scénarios extrêmes :
http://reseau.fing.org/file/view/165306/softplace-scenarios-extremes-version-initiale