Vincent Duzert
La nature est source d’inspiration
En Margeride, un artisan créateur de lunettes s’est installé sur le territoire de ses ancêtres paysans, dans le hameau d’Ancette. Vincent Duzert, 30 ans, opticien lunetier, n’aurait jamais imaginé vivre ailleurs…
Dans sa famille, on est Lozérien « depuis des générations », et l’on comprend qu’il porte en lui son territoire comme une empreinte. Aussi, Vincent Duzert, 30 ans, installe-t-il en 2013 son atelier de lunetterie au hameau d’Ancette dans la maison de famille, héritage de ses ancêtres. « Ici, je suis au milieu des arbres et des oiseaux. On peut chercher des idées partout, sur internet, en discutant, mais le déclic se fait souvent dehors dans la nature. Et la réflexion vient au calme. »
Jamais il n’a rêvé d’un ailleurs. A l’adolescence, pour gagner un peu d’argent, il fait les saisons. « Je travaillais à La Malène comme serveur dans un bar ou dans un restaurant… J’ai toujours su que je vivrais ici. » Il part pourtant à Grenoble préparer un CAP-BEP de lunetier, puis à Marseille, où il travaille dans un magasin d’optique traditionnelle et passe son BTS en alternance. S’il apprécie de gagner un bon salaire, il réalise très vite que le métier « se limite à vendre des lunettes au comptoir et à remplir des papiers pour le tiers-payant. Au moins, avant, on taillait les verres à la main… ».
Fabriqué en Lozère
Après un an à Clermont-Ferrand dans la grande distribution, il envisage le retour en Lozère et décide de se former à la création de montures. En 2012, il intègre l’école des meilleurs ouvriers de France à Morez (Jura). Il travaille l’acétate et le bois. « J’achète plusieurs machines que je récupère auprès d’anciennes manufactures du Jura, et qui fonctionnaient encore il y a une cinquantaine d’années. Puis je reviens dans la maison familiale… » La boucle est bouclée.
Bien sûr, les débuts sont difficiles. A son activité de vente à des professionnels s’ajoute aujourd’hui la vente aux particuliers, à domicile. Agréé par la sécurité sociale, Vincent pratique les examens de vue – comme tout opticien traditionnel – que les clients peuvent se faire rembourser. Il n’a pas opté pour le tiers-payant afin de ne pas retomber dans la gestion administrative, en revanche, il propose un choix de lunettes originales. Une vraie valeur ajoutée ! « Plutôt que d’acheter chinois et de revendre à des prix exorbitants, je fabrique et je vends à prix raisonnable mes propres créations. »
Parmi ses projets, un modèle de lunettes en bois pour homme et femme, élaboré avec Luc Monet, horloger, Meilleur Ouvrier de France installé près de Marvejols, et soutenu par le Département. Les lunettes seront fabriquées en bouleau – « un bois de chez nous » – et porteront la signature du territoire.