Cécile Piat
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Localisation
Hures-la-Parade
En 2003, Cécile Piat quitte Paris pour « se mettre au vert » avec son mari Xavier, artisan de luxe et créateur de maroquinerie. Ils s’installent d’abord à Millau, puis à Mende où ils reprennent en 2007 une cordonnerie place Estoup. Rencontre avec une jeune femme énergique, férue de mode et de beaux accessoires.
Elle aime les rapports francs, les bonnes poignées de main, les regards dans les yeux. Dans la cordonnerie de la place Estoup qu’elle a reprise en 2007 avec Xavier, son mari, Cécile Piat raconte comment il lui a fallu faire ses preuves auprès de la clientèle. « Ce métier reste encore masculin dans l’esprit des gens, bien qu’il commence à se féminiser. » D’ailleurs, dans l’atelier, une autre femme apporte ses compétences au couple. « Sandrine Villan est une ancienne costumière de théâtre, elle s’est formée pendant un an à Romans. J’admire son côté méticuleux et raffiné. »
Pourquoi la Lozère ? « Parce que nous aimons la nature, les plantes sauvages et les champignons ! Nous en sommes tombés amoureux, la qualité de vie est indiscutable. Ici, notre fille de 9 ans va à l’école toute seule. Et nous avons noué des rapports merveilleux avec nos clients. »
Des clients qui viennent de toute la France, et même de l’étranger. Tout cela est dû au talent de Xavier, reconnaît Cécile : « Dans sa famille, il représente la quatrième génération de cordonniers ! A Paris, il avait repris l’atelier de son père, rue de Seine, à Saint-Germain-des-Prés. Il a toujours travaillé dans la cordonnerie de luxe et répare aussi bien les bottes de grands créateurs que des chaussures ordinaires. » Ici, les étagères ne désemplissent pas et les journées n’ont que vingt-quatre heures.
De l’histoire de l’art à la cordonnerie
Après des études en histoire de l’art, Cécile entre au Printemps, boulevard Haussmann, à Paris. Elle y est responsable des relations avec des créateurs de mode. Elle affine son goût des beaux accessoires et de la maroquinerie de luxe. Elle égrène les noms des plus grands de la chaussure en précisant leurs talents. Untel est un « magicien du soulier, créateur de talons compensés très confortables », l’autre un « vrai bottier pour femmes ». Au contraire des produits bon marché, ces chaussures chères se réparent. « Il faut pouvoir dire au client que le coût de la réparation excèdera le prix de la chaussure. C’est souvent difficile à entendre ! » Alors c’est simple, « Pour bien se chausser, il faut attendre les soldes et les ventes privées. »
Cécile reste humble : « Ici je suis en formation permanente ! Je bichonne les chaussures, assure le nettoyage, le cirage, la teinture… » Elle admire le geste parfait de Xavier travaillant le cuir, ce matériau noble qu’il coud à la main, selon un savoir-faire ancien et devenu bien rare aujourd’hui. Elle vante la qualité des produits qu’il utilise : « La peausserie vient du Puy-en-Velay ou du pays basque, les boucles de ceinture sont forgées à la main… » Elle regrette que tant d’artisans d’art s’expatrient au Japon où la culture est raffinée et où l’on garde le goût du travail « bien fait ». « En mettant nos retraités à la porte, on scie la branche sur laquelle on est assis… C’est dommage. »
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